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La ferme et son État : pas nécessaire de tout lancer par-dessus bord

Published on 18 October 2017 - By Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent

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  • Citoyen/Citoyenne
  • Producteur/Productrice
  • Textes d’opinion

Le documentaire La ferme et son État, du cinéaste, auteur et artiste multidisciplinaire Marc Séguin, a fait beaucoup jaser dans les médias, plus particulièrement dans La Presse+ : onze textes en quelques semaines, qui en incluent quatre de M. Séguin lui-même. Le dernier de la liste est celui du chroniqueur Alain Dubuc, dont les attaques récurrentes sur les mêmes sujets ne surprennent plus personne.

Le documentaire nous présente deux types très différents d’agriculture. L’un, très intensif et intéressant, est développé par le maraîcher biologique québécois Jean-Martin Fortier. L’agriculture intensive mise sur des rendements élevés à l’hectare par une utilisation maximale de l’espace et des outils de production.

L’autre type d’agriculture, très extensif, est pratiqué par un producteur de la Virginie. Ce modèle repose essentiellement sur les ressources agronomiques disponibles naturellement et de grandes superficies, et minimise les achats d’intrants externes. Les coûts de production sont très bas, ce qui permet d’atteindre la rentabilité malgré une productivité moindre.

En Australie, en Nouvelle-Zélande et dans certains pays d’Amérique du Sud, on produit du lait, de l’agneau et du bœuf de façon extensive grâce au climat très favorable et aux grands espaces. Ce modèle est peu utilisé chez nous. Depuis les années 1950, le Québec est graduellement passé d’une agriculture extensive à une autre plus intensive pour répondre à la demande alimentaire et aux marchés.

Contrairement à ce que laisse croire l’un des intervenants de ce documentaire, on est très loin du 1 G$ en subventions annuelles allouées aux agriculteurs du Québec.

Les paiements de transfert aux producteurs québécois, incluant les fonds fédéraux, ont plutôt été de 305 M$ par an, en moyenne, ces trois dernières années, et les 1 367 fermes biologiques québécoises ont accès aux différents programmes. Un appui spécifique pour favoriser le transfert vers l’agriculture biologique existe depuis deux ans et plusieurs entreprises sont présentement en transition. Actuellement, et toutes proportions gardées, l’agriculture québécoise est moins soutenue que chez nos voisins du Sud, notamment en raison de nos systèmes de mise en marché collective.

Dans le documentaire, on affirme qu’il est difficile pour un jeune de démarrer en agriculture. La valeur élevée des actifs, en l’occurrence les terres et l’accès au financement, sont deux obstacles majeurs pour ceux qui veulent se lancer en agriculture. Pour un jeune qui n’a pas de garanties à offrir, il est très difficile d’obtenir du financement en considération des risques élevés et du rendement relativement faible sur les capitaux investis en agriculture.

Tous les jeunes qui témoignent dans le documentaire de Marc Séguin aspirent à devenir propriétaires. C’est une ambition que je comprends très bien. Ils ne rêvent pas de produire sur des terres louées qui peuvent leur être enlevées à la fin du bail. Le territoire agricole attire de plus en plus d’investisseurs : des spéculateurs et des gestionnaires de fonds d’investissement, mais aussi des gens qui veulent se créer une oasis à la campagne, sans pour autant y pratiquer l’agriculture. Les lots de quelques hectares comprenant une maison sont très recherchés par cette clientèle. Le prix des terres a augmenté de 800 % au Québec ces 20 dernières années. Le documentaire ne fait qu’effleurer cet enjeu, qui est pourtant au cœur du problème d’établissement en agriculture.

La ferme et son État démontre qu’il y a un intérêt bien réel chez les jeunes pour un retour à la terre. La diversité de la demande alimentaire augmente, tout comme l’engouement pour les produits locaux. Pour plusieurs consommateurs qui cherchent l’authenticité, le contact avec les producteurs est une valeur ajoutée importante. Un tel marché de proximité répond à un besoin et il faut l’encourager, sans toutefois tout lancer par-dessus bord pour y parvenir. Il y a consensus sur ce point et c’est là la force de ce documentaire.

Éditorial La Terre de chez nous

Édition du 18 au 24 octobre 2017

Marcel Groleau, président général

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