Les 25 et 26 novembre derniers avaient lieu l’Assemblée des acteurs de l’eau du lac Saint-Pierre, rassemblant 180 participants du milieu agricole, municipal, communautaire et citoyen provenant des quatre régions administratives concernées (Lanaudière, Mauricie, Centre-du-Québec, Montérégie).
Le lac Saint-Pierre, reconnu par l’UNESCO pour sa biodiversité, est aujourd’hui au centre des préoccupations de plusieurs acteurs. Pour notre région, il s’agit d’une quarantaine de producteurs qui cultivent plus de 1000 hectares dans ce secteur. L’impact est majeur sur notre agriculture et sur ceux et celles qui sont touché.e.s directement.
Le but n’est pas de chercher un coupable, mais de travailler ensemble afin de protéger ce territoire et d’améliorer son agroécosystème tout en favorisant le développement d’une agriculture durable. Les acteurs doivent donc collaborer, partager leurs bonnes pratiques et échanger leurs bons coups.
Les enjeux sont grands pour le monde agricole. Depuis plusieurs années, les producteurs de notre région sont consultés, font des projets pilotes et des essais sur leur propre ferme afin de s’adapter et de trouver des solutions pour cultiver autrement.
Cependant, deux éléments freinent constamment les efforts des producteurs et compliquent la progression du dossier.
Le premier enjeu, c’est le nettoyage des cours d’eau. La plupart du temps, ce n’est pas le lac Saint-Pierre qui déborde sur les terres, mais les cours d’eau en amont qui n’arrivent plus à s’évacuer parce qu’ils sont obstrués. Avec les fortes pluies des dernières années, les champs restent inondés pendant des jours, parfois des semaines. Les producteurs sont catégoriques : il faut régler le nettoyage des cours d’eau avant d’aller plus loin. La Fédération régionale et le Syndicat de l’UPA de Nicolet soutiennent les démarches de la MRC de Nicolet-Yamaska afin d’obtenir les autorisations ministérielles nécessaires, mais le dossier est complexe (multiples demandes à différentes instances), les délais d’analyse sont longs et les coûts sont exorbitants (frais de plus de 300 000 $ pour nettoyer un des trois cours d’eau).
L’autre enjeu concerne l’ensemble du bassin versant. Comme ces producteurs se trouvent tout au bout du bassin, ils subissent les pratiques de ceux situés en amont. Par exemple, même si les producteurs du littoral utilisent des cultures de couverture, si les sols en amont restent à nu, l’érosion se fait là-bas et les sédiments descendent jusque chez eux. D’où l’importance d’une collaboration à l’échelle du bassin versant afin de soutenir une agriculture viable et un environnement en santé.
Bref, durant ces deux journées, le message des producteurs a été sans équivoque : si le régime transitoire reste tel quel pour devenir permanent, l’agriculture risque d’être fortement affectée, voire difficilement praticable. Le mot qui revenait constamment : la rentabilité. Si certaines actions deviennent impossibles, c’est directement la viabilité des entreprises qui est en jeu. Les producteurs sont prêts à faire leur part, mais ils ont besoin d’un réel accompagnement — technique, financier — et d’un environnement d’affaires positif, avec le moins de contraintes inutiles possible.
La Fédération régionale soutient la position des producteurs et cherche à unir sa voix à celle de la MRC de Nicolet-Yamaska pour limiter l’impact des deux éléments qui freinent la progression du dossier. Elle exerce également des pressions auprès des élus provinciaux et fédéraux pour appuyer cette démarche.
Julie Bissonnette
Présidente de la Fédération de l'UPA du Centre-du-Québec