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Pesticides : le gouvernement du Québec doit saisir la balle au bond

Publié le 21 février 2020 - Écrit par l'UPA

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  • Textes d’opinion

Les membres de la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre (CAPERN) ont finalement déposé, la semaine dernière, leur rapport sur la gestion des pesticides. Le défi était de taille, car les parlementaires devaient arriver à un consensus dans un dossier très polarisant et fortement médiatisé.

La Commission a entendu 26 groupes et reçu 76 mémoires, dans lesquels plus de 700 recommandations ont été proposées.

Les attentes étaient très élevées, d’autant plus que la confiance des citoyens était en jeu. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons conjointement demandé, avec Équiterre et la Fondation David Suzuki, la tenue d’une telle commission.

Les 32 recommandations du rapport abordent les principaux enjeux soulevés durant les audiences, en l’occurrence l’impact des pesticides sur la santé publique et l’environnement, leur traçabilité, leur prescription par les agronomes, l’indépendance de la recherche ainsi que les pratiques innovantes et la compétitivité du secteur agroalimentaire. Plusieurs de ces recommandations émanent directement de celles de l’Union des producteurs agricoles (UPA), en l’occurrence une meilleure accessibilité aux services-conseils, une plus grande implication du ministère québécois de l’Agriculture au chapitre de la prévention auprès des producteurs, un soutien gouvernemental accru vers l’adoption de meilleures pratiques et un accompagnement plus vigoureux du gouvernement auprès des chercheurs.

Des éléments importants du dossier sont toutefois absents du rapport, notamment la rétribution des agriculteurs pour les biens et services environnementaux qu’ils fournissent à la société. Plusieurs pays européens comme l’Écosse, la Finlande, le Royaume-Uni et la Suisse misent sur ce genre de programme pour soutenir les efforts agroenvironnementaux des producteurs et récompenser leur apport à la collectivité. L’essentiel des 6 G$ US investis chaque année par le gouvernement américain est consacré à cette forme d’appui (Conservation Reserve Program).

Un tel programme, au Québec, ferait une énorme différence, car on ne peut faire abstraction du contexte commercial extrêmement compétitif dans lequel l’agriculture québécoise évolue, ici face aux produits importés et ailleurs dans le monde. Les mesures environnementales peuvent représenter un coût pour les producteurs qu’il est impossible de transférer aux marchés, tant à l’exportation que sur le marché domestique. Les attentes sociétales en matière de gestion des pesticides sont légitimes, mais il faut se donner une vision et un plan d’action avec un échéancier réaliste. La CAPERN n’aborde que très sommairement cet aspect déterminant.

Maintenant que cette étape est terminée, il appartient aux ministres de l’Agriculture, André Lamontagne, et de l’Environnement, Benoit Charrette, d’y donner suite et de s’assurer que le financement alloué soit à la hauteur des engagements.

Pour atteindre nos objectifs et véritablement réduire les risques associés à la gestion des pesticides, il faut notamment miser sur des objectifs à moyen et long terme et bonifier de façon substantielle les budgets dédiés à la prévention, à l’accompagnement des producteurs ainsi qu’à la recherche et au développement. Nous demandions 60 M$ de plus par année, ce qui, selon nous, est un montant nécessaire pour atteindre des résultats significatifs et durables. Le prochain discours sur le budget et le Plan d’agriculture durable que le gouvernement du Québec doit présenter cette année seront déterminants.

En terminant, je souhaite profiter de cet éditorial pour féliciter la Direction des affaires juridiques de l’UPA, qui s’est distinguée de brillante façon ces dernières semaines. À deux reprises, la Cour supérieure a acquiescé à nos demandes et a interdit, pour une période de 10 jours, puis jusqu’au 22 mai prochain, la tenue de manifestations antispécistes aux abords des entreprises agricoles québécoises. L’objectif de cette démarche est d’en arriver, à terme, à une interdiction permanente. Le droit de manifester est essentiel dans une société démocratique. Mais l’intrusion dans une ferme, avec les conséquences graves que cela entraîne, ne peut être tolérée. Sur ce point, l’Union défendra toujours les producteurs.

Éditorial La Terre de chez nous

Édition du 26 février 2020

Marcel Groleau, président général

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