Les Québécoises et Québécois apprécient grandement le travail des productrices et producteurs agricoles, comme en témoigne chaque édition du « baromètre des professions les plus dignes de confiance » de la firme Léger (94 % en 2024, au quatrième rang du palmarès).
L’ampleur de la considération que porte la population à l’endroit des agricultrices et des agriculteurs est d’ailleurs confirmée par un récent sondage Léger réalisé pour le compte de l’Union des producteurs agricoles. Mené le mois dernier auprès de 1 083 personnes, ce coup de sonde nous apprend notamment qu’une très large majorité de Québécoises et de Québécois qualifient d’importante la contribution du secteur agricole à l’économie et la vitalité des régions (94 %) et qu’il est primordial de favoriser davantage l’achat local (93 %).
Le sondage nous apprend également que 88 % des Québécoises et Québécois considèrent que le gouvernement devrait offrir plus de soutien aux productrices et producteurs pour maintenir des fermes dans toutes les régions du Québec (88 %) et qu’il devrait mettre en place plus de mesures pour aider le secteur agricole à faire face aux changements climatiques (86 %).
Ces statistiques confirment l’attachement de nos concitoyens à l’agriculture d’ici, tout en démontrant qu’ils reconnaissent pleinement l’ampleur des défis inhérents à la pratique de notre métier, surtout dans l’actuel contexte d’incertitude économique et tarifaire. Elles tendent donc à légitimer nos demandes dans le cadre des élections fédérales (défense des intérêts de l’agriculture et de la foresterie; pratiques durables et adaptation aux changements climatiques; actualisation des programmes de gestion des risques; mise à jour du régime fiscal).
Au-delà de la campagne électorale, les productrices et producteurs agricoles et forestiers du Québec s’attendent, à juste titre et en toute circonstance, à un appui indéfectible de tous les paliers de gouvernement. Nourrir des millions de consommateurs d’ici et d’ailleurs, contribuer à la vitalité de nos régions, développer le territoire et enrichir durablement la collectivité sont des traits propres à nos secteurs.
Peut-on en dire autant des multinationales? Selon une enquête du Journal de Montréal (automne 2024), le ministère de l’Économie et de l’Innovation aurait attribué, entre 2018 et 2024, plus de 14,9 G$ en aide de toutes sortes à des entreprises, des fonds d’investissement et des organismes à but non lucratif (216 M$ par mois). Quelque 29 % de ces montants seraient des aides de 10 M$ et plus versées à des entreprises étrangères. Ces sommes se sont-elles traduites par des emplois et des infrastructures durables pour la collectivité? En ce qui concerne Northvolt (507 M$), visiblement pas. Pour le reste, permettez-moi d’en douter.
Ce modèle d’aide aux entreprises, qualifié par certains économistes de « mythe de la grosse bébelle », est de plus en plus critiqué par les spécialistes. Ces derniers soulignent que le soutien aux entreprises d’ici, plus particulièrement les petites et moyennes entreprises (PME), permet des résultats beaucoup plus tangibles et durables au chapitre de la création de richesse et des retombées sur la collectivité. Appuyer nos PME favorise aussi l’innovation et l’entrepreneuriat, tout en réduisant la dépendance d’une municipalité ou d’une région à une poignée d’employeurs (voire un seul dans certains cas). Les avantages d’une telle approche sont à ce point importants qu’il est très difficile d’expliquer pourquoi nos gouvernements n’y ont pas recours davantage.
À tous les égards, les Québécoises et les Québécois ont à cœur l’agriculture de chez nous ainsi que son apport exceptionnel à l’autonomie et la sécurité alimentaire de la province et du pays. Les gouvernements doivent en prendre acte et donner suite aux préoccupations du milieu en accentuant leurs investissements. Un plan de match et des budgets à la hauteur du potentiel et des ambitions du secteur, ça presse!