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Louis Robert soulève une question importante

Publié le 30 avril 2021 - Écrit par l'UPA

Catégorie :

  • Citoyen/Citoyenne
  • Producteur/Productrice
  • Textes d’opinion

La publication du livre de Louis Robert, agronome bien connu qui a consacré l’essentiel de sa carrière à l’emploi du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), a retenu l’attention des médias cette semaine. À juste titre, puisqu’il aborde un enjeu important qui va même au-delà de l’agriculture : celui de l’influence du secteur privé sur les décisions des gouvernements, ainsi que leurs répercussions. En tant qu’agronome, il constate l’omniprésence de l’industrie des fertilisants et des pesticides dans le secteur agricole et illustre son influence sur l’Ordre des agronomes du Québec (OAQ) et le MAPAQ. Je sais que ces propos peuvent choquer plusieurs producteurs et agronomes, mais ils méritent qu’on s’y arrête.

Tout d’abord, le secteur privé, peu importe le domaine, est motivé par le profit. Il n’y a aucun mal à cela. C’est clair et net. Les ventes combinées de semence, de pesticides et de fertilisants dans le monde chaque année sont énormes et la profitabilité du secteur est parmi les meilleures. À preuve, Bayer a déboursé 64 G$ pour acheter Monsanto, ce qui représente l’une des plus importantes transactions de l’histoire, tous secteurs confondus. Cela fait de Bayer le plus grand producteur et distributeur de semences et de pesticides sur la planète. Au Québec seulement, ces ventes représentent chaque année près de 500 M$ et au Canada, plus de 5 G$. Penser que le secteur privé dans le domaine de la fertilisation et des pesticides n’exerce aucune influence, c’est se fermer les yeux. Il y a beaucoup d’argent en jeu et les entreprises dont l’objectif est de vendre moins que l’année précédente sont très rares.

Depuis que je suis impliqué dans le syndicalisme agricole, je milite pour que le MAPAQ maintienne ses services auprès des producteurs; des services non liés et indépendants des fournisseurs d’intrants. Le gouvernement doit financer la recherche et le transfert des connaissances pour qu’en bout de compte, ce soient les producteurs, bien formés et informés, qui soient en mesure de faire des choix éclairés.

Depuis que je suis président de l’UPA ou lorsque j’étais président de la Fédération des producteurs de lait du Québec (maintenant Les Producteurs de lait du Québec), j’ai vu à maintes occasions le secteur privé s’opposer à nos demandes au MAPAQ pour le soutien des services-conseils non liés. Je sais que la présence des conseillers de Valacta (aujourd’hui Lactanet) dérangeait, alors que ces derniers ne faisaient pourtant que proposer des options aux producteurs pour réduire les coûts d’alimentation de leurs troupeaux.

J’ai vu les objections de l’industrie face au déploiement du réseau des services-conseils, financé par le MAPAQ. En 2012, nous voulions faire la promotion des clubs-conseils en agroenvironnement en utilisant le témoignage de producteurs qui avaient économisé des sommes importantes en adoptant une meilleure gestion de la fertilisation de leurs cultures. Tout était prêt, photos et témoignages, mais tout a été arrêté à la dernière minute par le MAPAQ. Nous savions très bien d’où venaient les pressions sur le ministère.

Les ordres professionnels, comme l’OAQ, ont comme mandat de protéger le public. Ils ne peuvent ignorer l’influence du secteur privé sur leurs membres. Il est impossible, quand vous êtes le représentant d’une compagnie dont l’avenir repose sur les bénéfices dégagés, que cela n’ait aucune influence sur les conseils que vous prodiguez dans votre domaine d’expertise. Il peut même devenir difficile pour un client, à titre d’exemple lorsque l’acte agronomique est inclus dans le prix du produit, de déterminer si son interlocuteur porte son chapeau de vendeur ou de professionnel.

Le débat va se poursuivre. L’État doit jouer son rôle de défenseur de l’intérêt public. La taille des joueurs du secteur privé exige que les États soient plus vigilants que jamais. Les producteurs, de leur côté, devront détenir de plus en plus de connaissances pour faire les bons choix pour leurs fermes. Un service-conseil non lié, offert par l’État ou le privé, doit impérativement être accessible à tous les producteurs.

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