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Géopolitique, mondialisation et réflexe agricole

Published on 13 June 2025 - By Martin Caron, président général

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J’ai eu l’occasion d’introduire et de participer à un panel intitulé « Réinventer l’agriculture face aux enjeux géopolitiques mondiaux » le 10 juin dernier, dans le cadre de la 31édition de la Conférence de Montréal.

Organisé par le Forum économique international des Amériques, cet événement rassemble chaque année plus de 2 500 participants et 150 conférenciers issus de toutes les sphères de la société pour aborder les plus grands enjeux actuels. Le thème de la discussion tombait donc à point.

Dans mon introduction, j’ai d’abord indiqué que les tensions, les bouleversements et les crises géopolitiques exercent une influence grandissante sur notre quotidien en raison de la mondialisation.

Rappelons que le volume total du commerce international ne représentait que 25 % du produit intérieur brut mondial en 1970. Il atteignait 52 % en 2020. La valeur des exportations mondiales de produits agricoles et alimentaires était de 400 G$ US en 1995. Elle était de 1 500 G$ en 2020. L’impact de la mondialisation, en raison de cette progression fulgurante, est donc de plus en plus rapide et important.

Les pays du globe tardent toutefois à développer un réflexe agricole et alimentaire même si ce changement, jumelé aux changements climatiques, a un effet direct sur la sécurité alimentaire des populations.

Premier exemple : la plupart des pays d’Occident ont imposé des sanctions sur les produits russes et bélarusses en mars 2022 (invasion de l’Ukraine). Cette décision, tout aussi légitime soit-elle, a pris de court des centaines de milliers d’agriculteurs sur la planète, car elle s’appliquait aussi aux engrais, à quelques semaines seulement de la période des semences.

Deuxième exemple : la crise sanitaire et son impact sur les chaînes d’approvisionnement ont entraîné des investissements importants en matière d’autonomie alimentaire. Mais on constate déjà un ralentissement à cet égard, tant au chapitre des mesures qu’à celui des budgets.

Troisième exemple : les programmes d’aide et de soutien, en réaction au conflit tarifaire, sont particulièrement mal adaptés aux entreprises agricoles et agroalimentaires, malgré l’importance déterminante du marché américain pour l’agriculture canadienne (62 % des exportations agroalimentaires) et québécoise (71 %).

L’imposition de contre-tarifs canadiens, y compris sur plusieurs intrants américains importés chaque année au pays (engrais, fertilisants, emballages, équipements, tracteurs, ingrédients), est aussi un geste irréfléchi.

Quatrième exemple : l’impact des changements climatiques sur l’agriculture mondiale est évalué à 123 G$ US par année (environ 3 800 milliards en 30 ans). Les agriculteurs canadiens sont toutefois trois fois moins soutenus, toutes proportions gardées, que leurs principaux compétiteurs en matière d’adaptation. Et rien ne permet de croire qu’il en sera autrement au cours des prochaines années.

Tout cela démontre que les gouvernements doivent plus que jamais consulter le secteur agricole, l’inclure dans les discussions et prendre en considération les répercussions de toutes leurs décisions sur la production alimentaire. Ces éléments, jumelés à des accords commerciaux plus équitables et à des investissements plus vigoureux (budgets agricoles au Canada et au Québec : moins de 1 % du budget global; moyenne ailleurs dans le monde : environ 2 %), doivent absolument devenir des automatismes compte tenu de la mondialisation et de ses enjeux. La compétitivité de nos entreprises, la prospérité du milieu et l’avenir de la relève en dépendent.

Cet éditorial est le dernier avant la pause estivale. Paul Doyon, Stéphanie Levasseur et moi vous souhaitons un très bel été!