Les Canadiennes et Canadiens ont accordé un quatrième mandat consécutif au Parti libéral du Canada, le 28 avril dernier. Peu d’intervenants auraient prédit un tel scénario il y a quelques mois à peine, au moment où les libéraux accusaient un retard considérable dans les sondages.
Le résultat serré a fait dire au premier ministre Mark Carney que « peu importe où vous vivez, peu importe la langue que vous parlez, peu importe pour qui vous avez voté, je ferai toujours de mon mieux pour représenter tous ceux qui considèrent le Canada comme leur pays ». Il en aura l’occasion très bientôt, car c’est à lui que revient la difficile tâche de tenir tête au président américain, Donald Trump. Les menaces tarifaires et les interventions répétées du 47e président des États-Unis ont d’ailleurs dominé la campagne.
À ce chapitre, toutes les formations politiques représentées à la Chambre des communes ont pris l’engagement de défendre la gestion de l’offre. M. Carney a lui-même indiqué qu’elle ne sera pas sur la table lors des échanges à venir sur l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM). Les productrices et producteurs de lait, d’œufs et de volaille s’attendent donc à une exclusion pleine et entière de ce volet. La défense de la gestion de l’offre, pour des raisons tant économiques qu’alimentaires, doit être intégrale et absolue (c’est-à-dire aucune nouvelle concession, en toute circonstance).
En ce qui concerne le conflit tarifaire, le milieu agricole avait formulé plusieurs demandes, dont une aide financière directe et spécifique à la réalité des entreprises du secteur agroalimentaire et forestier touchées par le conflit tarifaire (en évitant à tout prix d’accroître leur endettement), des garanties quant à l’arrivée sans encombre des travailleurs étrangers temporaires (agriculture et autres secteurs alimentaires), ainsi que des allègements administratifs et réglementaires permettant d’atténuer les contrecoups négatifs des tarifs. Il y aura lieu de revenir à la charge à tous ces égards.
Nous avons aussi insisté, ces dernières semaines, sur le fait que nos entreprises agricoles sont confrontées à des défis de compétitivité hors du commun : endettement croissant, rentabilité moindre, fiscalité parfois inadaptée, soutien moins élevé que leurs principaux compétiteurs internationaux, etc. Dans ce cadre, les libéraux de M. Carney ont pris un certain nombre d’engagements en matière d’agroenvironnement (Programme des technologies propres en agriculture), de soutien aux entreprises (Agri-stabilité, Agri-marketing, Programme de la Loi canadienne sur les prêts agricoles), d’agroalimentaire (nouveau fonds de transformation alimentaire national) et d’achat local (Programme national d’alimentation scolaire au Canada).
Ces éléments sont toutefois beaucoup trop modestes étant donné les circonstances géopolitiques, la volatilité des marchés, la croissance des coûts de production, les attentes sociétales, les aléas climatiques et la non-actualisation de plusieurs programmes de soutien. Il est impératif de soutenir davantage l’adoption de pratiques durables et l’adaptation aux changements climatiques, d’actualiser l’ensemble des programmes de gestion des risques et de mettre à jour le régime fiscal des entreprises agricoles et forestières.
Notre agriculture est dynamique et fortement branchée sur l’évolution de la demande alimentaire d’ici et d’ailleurs dans le monde. Elle est d’ailleurs exceptionnellement performante, comme le démontre la croissance supérieure des exportations agroalimentaires (+66 %) comparativement à celle des importations (+60 %) ces dix dernières années. Elle s’attend donc, à juste titre, à un appui indéfectible de tous les paliers de gouvernement (y compris canadien).
M. Carney a qualifié « d’investissements » les nouvelles dépenses de 130 G$ sur quatre ans annoncés dans sa plateforme électorale. Le secteur agricole doit bénéficier d’une part importante de ces montants, axés principalement sur les infrastructures ainsi que sur l’aide aux travailleurs et aux entreprises touchés par les droits de douane imposés par Donald Trump.
Car l’agriculture, comme je l’ai mentionné en cours de campagne, est la base de notre société. Rien n’est plus important que la sécurité alimentaire de nos concitoyens et le développement de nos régions.