Le ministre André Lamontagne a confirmé, lors d’une rencontre de travail des partenaires en février dernier, que la nouvelle politique bioalimentaire (2025-2035) serait déposée dès ce printemps.
Comme je l’ai exprimé à plusieurs reprises depuis le début des consultations, le milieu agricole souhaite une politique résolument axée sur les attentes et les besoins de ses principaux artisans, plus particulièrement en ce qui concerne la pérennité, la résilience, la rentabilité et la compétitivité des entreprises.
Cette volonté s’étend bien entendu au secteur biologique. Rappelons à ce chapitre que près de 3 000 entreprises agricoles ont déjà adopté ce mode de production au Québec, ce qui représente 10 % des entreprises agricoles de la province et plus de 6 % des superficies en culture. Le Québec compte d’ailleurs près de la moitié des fermes canadiennes en régie biologique, ce qui en fait la province la plus dynamique au regard de ce mode de production.
Signalons aussi que la performance économique est au rendez-vous. Selon le dernier recensement de l’agriculture (2021), la proportion des fermes canadiennes générant plus de 100 000 dollars de revenus annuels est de 63 % parmi les fermes biologiques comparativement à 46 % parmi les fermes conventionnelles.
Sur le plan de la consommation, le marché des aliments et boissons biologiques est en croissance, ici même au pays (7 G$ en 2023) comme à l’international (environ 200 G$), ce qui correspond à plus de 40 % du PIB du Québec. Considérant la hausse importante des exportations de produits biologiques canadiens dans les dernières années (+60 % entre 2021 et 2023) et le fait que 40 % des importations de ce type de produits proviennent des États-Unis, il serait manifestement opportun que le gouvernement du Québec continue d’investir pour soutenir le développement et la compétitivité des entreprises québécoises du secteur biologique.
La production biologique, au-delà de ses mérites économiques, est aussi un ingrédient pour une agriculture durable et l’adaptation aux changements climatiques. Les pratiques agricoles utilisées permettent de protéger les ressources naturelles et favorisent une cohabitation harmonieuse des citoyens avec le monde agricole. Ces pratiques soutiennent et améliorent également la santé des sols, des plantes, des animaux et de la planète, dans le but de développer des exploitations respectueuses de l’environnement.
Tous ces constats militent pour établir une cible ambitieuse dans la nouvelle politique bioalimentaire au regard du développement du secteur biologique, comme l’Union des producteurs agricoles (UPA) et la Filière biologique du Québec l’ont récemment réitéré par écrit à M. Lamontagne.
La Politique bioalimentaire 2018-2025 visait une croissance des superficies en production biologique de 50 000 hectares (ha) sur dix ans, un objectif qui a été dépassé, avec près de 65 000 ha convertis en régie biologique. Plusieurs scénarios peuvent être envisagés pour la période 2025-2035. Mais le milieu est d’avis qu’une augmentation de 75 000 ha, faisant passer de 6 % à 10 % la part du bio dans la superficie agricole totale et permettant d’atteindre 190 000 ha en 2035, est tout à fait souhaitable et réalisable.
Ce scénario s’appuie sur une reconnaissance tangible de l’apport des entreprises biologiques ainsi que sur l’introduction et/ou la bonification considérable de mesures permettant d’assurer le positionnement de chef de file du Québec sur les marchés canadien, nord-américain et internationaux. Il aurait également un effet positif sur plusieurs autres cibles de la Politique bioalimentaire (productivité, investissements, diversité, autonomie alimentaire, etc.).
L’UPA et la Filière biologique considèrent qu’il est essentiel d’établir une cible de développement la plus ambitieuse possible pour le secteur biologique. Il sera intéressant de voir si le gouvernement québécois est du même avis.