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Panier d’épicerie : alimenter la réflexion

Publié le 3 novembre 2022 - Écrit par Martin Caron, président général

Catégorie :

  • Textes d’opinion

Le Bureau de la concurrence du Canada (BCC) a confirmé récemment qu’une étude serait lancée sur le secteur de l’épicerie au Canada. Le Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire a lui aussi annoncé qu’il se pencherait sur le sujet.

On peut comprendre le questionnement des parlementaires et du BCC. L’Indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 6,9 % d’une année à l’autre en septembre. Les prix des aliments achetés en magasin ont affiché une hausse de 11,4 % pendant la même période, la plus importante depuis août 1981. Selon Statistique Canada, « l’augmentation des prix des aliments achetés en magasin dépasse celle de l’IPC d’ensemble depuis 10 mois consécutifs ».

Une récente étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques alléguait un certain « opportunisme » de la part des commerçants qui, dans la dernière année, auraient « augmenté les prix un petit peu plus que nécessaire afin d’accroître leur marge de profit ». Selon un récent sondage de la firme Angus Reid, près de 80 % des Canadiens partagent cette opinion. Divers organismes, comme l’Association des détaillants en alimentation du Québec et le Conseil canadien du commerce de détail, affirment plutôt que les profits sont demeurés à peu près inchangés depuis au moins trois ou quatre ans.

Il appartiendra donc aux parlementaires et au BCC de trancher. La tâche s’annonce toutefois difficile, car l’absence de pouvoirs d’enquête formels pour exiger la divulgation d’informations limite grandement la portée de ces initiatives. En effet, les grandes chaînes sont généralement peu loquaces en ces matières, pour des raisons dites « concurrentielles ».

L’information est beaucoup plus accessible ailleurs dans le monde. Aux États-Unis, on estime que la part du secteur agricole (incluant ses fournisseurs) dans le prix d’un aliment est d’environ 18 %. Du côté européen, le plus récent rapport de l’Observatoire de la formation des prix et des marges démontre clairement, selon la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), que la pandémie « a largement profité à la grande distribution ».

De telles données sur la répartition du dollar alimentaire sont plus rares au Québec et au Canada. Mais il est clair que les productrices et les producteurs agricoles n’accaparent pas la part du lion. À titre d’exemple, comme le rappellent fréquemment Les Producteurs de lait du Québec, dans un pot de yogourt de 650 grammes vendu 5 $, les productrices et les producteurs reçoivent 0,70 $ pour la production et la livraison de leur lait, soit 14 % du prix de vente.

Une récente enquête du Journal de Montréal, qui démontre qu’un panier d’épicerie garni de fruits et légumes peut coûter presque deux fois moins cher dans une chaîne de fruiteries que dans un grand supermarché, est aussi très révélatrice. Le phénomène de « réduflation », soit la réduction des contenants jumelée à un maintien ou à une hausse des prix, est également une pratique commerciale qu’il importe de documenter.

Nous participerons bien entendu aux deux consultations et tâcherons d’alimenter la réflexion. Nous rappellerons que seulement trois grandes chaînes d’alimentation se partagent 60 % des parts de marché au pays (80 % si on ajoute Walmart et Costco). Cette situation est très certainement à l’avantage des commerçants, et non de leurs fournisseurs (incluant les productrices et producteurs agricoles). L’actuel projet de code de conduite auquel nous collaborons, que nous souhaitons obligatoire plutôt que volontaire, s’appuie précisément sur ce déséquilibre des forces en présence.

Accroître la sécurité et l’autonomie alimentaires au pays est un projet de société légitime et stimulant. Or, 77 % des achats alimentaires dans les commerces de détail (donc excluant les hôtels, les restaurants et les institutions) sont dans les grandes surfaces. Leur contribution à l’achat local et à la réalisation de ce grand projet est donc déterminante, à condition bien sûr que chaque joueur de la chaîne alimentaire puisse vivre convenablement de son métier, et que les consommateurs y trouvent leur compte.

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