Les champs changent
Les temps changent, nos façons de pratiquer l’agriculture aussi. Grâce à l’acquisition des connaissances, nos méthodes sont en constante évolution et permettent de produire des aliments de qualité tout en réduisant l’impact sur l’environnement. Pour y voir plus clair, voici six grands enjeux pour lesquels les producteurs agricoles du Québec sont en mode action et travaillent au quotidien à toujours faire mieux.
Les pesticides
L’utilisation des pesticides en agriculture représente un enjeu important, tant pour les producteurs que pour la population. Leur usage soulève bien des questions. Mais qu’en est-il exactement? Y a-t-il lieu de s’inquiéter? Que font les producteurs pour en réduire l’usage? Quelles sont les solutions de rechange?
Toutefois, les producteurs sont de plus en plus sensibilisés aux questions entourant les pesticides. Ils tendent à réduire leur usage en employant notamment des techniques de dépistage dans leurs champs et des moyens de lutte intégrée. Certains producteurs réussissent à cesser leur utilisation, lorsque les méthodes alternatives existent.
Pour en savoir plus :
De moins en moins de pesticides
Entre 2014 et 2018, l’indice de pression des pesticides en agriculture au Québec a diminué de 43 %. Cet indice permet de mesurer les quantités de pesticides appliqués sur les terres en culture (kg/hectare) et d’en suivre l’évolution d’année en année. Depuis 1992, cet indice a diminué de 47 %, soit une réduction équivalente à environ 2 % par année.
Au Québec, on applique en moyenne 2 kg de pesticides par hectare dans nos champs. Ce qui veut dire 1 litre sur 1 terrain de football.
Un indice de pression parmi les moins élevés dans le monde
Avec un indice de pression parmi les plus faibles au monde (2,06 kg par hectare), le Québec est un chef de file en ce qui concerne la quantité de pesticides appliqués par hectare. Sources
De moins en moins de risque pour la santé
En 2018, l’indicateur de risque pour la santé a diminué de 28 % au Québec par rapport aux années de référence 2006-2008. Cet indice permet d’évaluer le risque potentiel des pesticides pour les personnes qui appliquent les produits, ou pour les travailleurs pouvant entrer en contact avec les parcelles traitées. Depuis 2014, on observe une tendance à la baisse et pour une première fois, la cible de la Stratégie phytosanitaire québécoise en agriculture 2011-2021 (qui consistait à réduire de 25 % cet indice) a été atteinte.
De moins en moins de risque pour l’environnement
En 2018, l’indicateur de risque pour l’environnement a diminué de 15 % par rapport aux années de référence 2006-2008. Cet indicateur permet de tenir en compte les impacts potentiels des pesticides sur l’environnement (invertébrés terrestres, persistance dans le sol, etc.). Ici encore, depuis 2014, on assiste à une baisse constante et soutenue de cet indice de risque.
Pour en savoir plus :
Pour en savoir plus : Impact des changements climatiques et mesures d’adaptations pour les ravageurs présents et potentiels en grandes cultures au Québec
À défaut de cela, ce sont des denrées provenant d’ailleurs que nous retrouverons sur les étals des épiciers. Des aliments qui augmentent leur empreinte en raison de leur transport et qui, rappelons-le, sont souvent produits dans des pays où les normes environnementales et les exigences sont bien en deçà des nôtres.
Santé Canada impose des limites quantitatives précises de traces de pesticides pouvant se retrouver sur les aliments. Au minimum, cette limite est 100 fois plus basse que le seuil de sécurité, voire 3 000 fois, selon le pesticide utilisé. Ces valeurs de référence reposent sur des résultats de recherches scientifiques approfondies et tiennent compte des effets cumulatifs liés à la consommation quotidienne d’une personne, tout au long de sa vie.
Pour en savoir plus : Questions souvent posées par les consommateurs
(Disponible uniquement en anglais)
Cet outil a été développé par l’Alliance pour l’alimentation et l’agriculture, une organisation américaine à but non lucratif qui représente les agriculteurs biologiques et conventionnels de fruits et légumes, en collaboration avec des experts de l’Université de Californie, Riverside School of Business. Il s’appuie sur les normes établies par le USDA, qui s’apparentent à celles de Santé Canada.
À lire : Perspective on pesticide residues in fruits and vegetables
Pour en savoir plus :
- Pour un Québec chef de file en protection durable des cultures
- Boîte à outils sur les pesticides et les méthodes alternatives
Les gaz à effet de serre (GES)
Comme plusieurs secteurs de l’économie, l’agriculture contribue à la production de gaz à effet de serre. Élevage, culture des sols, gestion des fumiers, voilà autant de sources que l’on retrouve à la ferme. Alors que les élevages sont souvent pointés du doigt, quel est l’état de la situation au Québec?
Répartition des émission de GES par secteur d’activité au Québec, en 2019
D’où viennent ces gaz à effet de serre?
L’agriculture produit trois types de gaz à effet de serre, le méthane (CH4), le protoxyde d’azote (N2O) et le dioxyde de carbone (CO2). Ces gaz de nature biologique proviennent principalement de la digestion des ruminants, de la gestion des sols agricoles, de la gestion des fumiers et de diverses sources mineures.
Répartition des émissions de GES de l’agriculture au Québec, en 2019
Pour en savoir plus :
- Inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre en 2018 et leur évolution depuis 1990
- L’agriculture et les GES
Les pets de vaches, vraiment?
Dans la croyance populaire, les pets de vache (flatulences des ruminants) sont souvent identifiés comme étant une source de GES, plus particulièrement de méthane. Il s’agit bien d’un phénomène lié à la digestion, mais pour être plus précis, on devrait plutôt parler des rots. Le rumen des bovins, des moutons, des cerfs et des autres ruminants contient des bactéries qui aident à dégrader les aliments ingérés. Le méthane est un sous-produit de cette fermentation et est éliminé par éructation, donc, par les fameux rots.
Le saviez-vous?
- Le lait produit au Canada a une empreinte carbone parmi les plus faibles au monde. La production d’un litre de lait canadien génère 0,94 kg de CO2, soit trois fois moins de gaz à effet de serre que la moyenne mondiale.
- Selon les données publiées par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la production porcine québécoise fait aussi bonne figure lorsque comparée aux autres régions productrices de porcs du monde. Son bilan carbone est 31 % plus bas que la moyenne mondiale.
Et mieux encore, un bilan en constante réduction!
Les producteurs d’ici ne cessent d’améliorer leurs pratiques, ce qui se traduit par une diminution constante de leurs émissions de GES.
- Dans l’élevage du poulet, l’empreinte carbone et la consommation d’énergie non renouvelable (par kilogramme de poulet) ont toutes deux diminué de 37 % entre 1976 et 2016 au Canada.
- Dans la production d’œufs de consommation, l’empreinte carbone de l’ensemble du secteur a diminué de près de 72 % entre 1962 et 2012 au Canada.
- Dans le secteur bovin, l’empreinte carbone pour produire 1 kilogramme de bœuf au Canada a diminué de 14 % entre 1981 et 2011.
- En ce qui concerne l’élevage de vaches laitières au Canada, l’empreinte carbone pour la production de 1 kilogramme de lait a diminué de 7,3 % entre 2011 et 2016.
Des actions pour faire toujours mieux
L’adoption de bonnes pratiques et de techniques innovantes de production permet de réduire encore davantage l’intensité carbone de l’élevage. Ainsi, l’alimentation du bétail, la gestion des fumiers, les pratiques culturales et la réduction de l’énergie consommée à la ferme sont autant de pistes de travail prometteuses sur lesquelles les agriculteurs et les chercheurs se penchent actuellement pour améliorer leur bilan carbone.
Les arbres et la foresterie
La présence d’arbres en bandes riveraines, de haies et de boisés de ferme sont des incontournables qui permettent également de séquestrer du carbone dans les sols agricoles. Du côté de la foresterie, la réalisation de travaux sylvicoles concourt aussi à la captation de GES. À cet égard, saviez-vous que l’utilisation accrue des produits du bois permettrait de stocker du carbone à long terme, notamment en remplaçant des matériaux de construction présentant un bilan carbone moins intéressant comme l’acier et le béton?
Les changements climatiques
L’agriculture est l’un des secteurs les plus touchés par les changements du climat. Au Québec, les producteurs en subissent déjà les effets et travaillent avec les experts pour mieux s’y préparer. Mais saviez-vous que l’agriculture et la foresterie peuvent aussi faire partie de la solution pour la lutte aux changements climatiques?
Les fruits et les légumes auront de plus en plus soif
- À l’horizon 2050, les températures estivales seront plus chaudes et les plantes transpireront davantage. Les besoins en eau des fruits et légumes seront encore plus importants.
- L’irrigation étant essentielle à plusieurs cultures horticoles (laitues, fraises, pommes de terre, etc.), les producteurs auront plus que jamais besoin d’avoir accès à l’eau pour produire des aliments de qualité.
- La quantité de pluie qui tombera sur le Québec devrait demeurer similaire, mais elle sera plus imprévisible. On s’attend à recevoir des précipitations plus intenses et localisées, fréquemment sous forme de cellules orageuses, avec les risques d’impacts que l’on connaît sur nos cultures.
Les bibittes vont se multiplier
- Les changements climatiques offriront des conditions favorables au développement des ravageurs des cultures.
- Des températures plus chaudes tout au long de l’année faciliteront non seulement la survie des ravageurs, mais accéléreront aussi leur vitesse de reproduction.
- Les conditions hivernales plus clémentes ouvriront la porte à l’arrivée de nouveaux ravageurs en provenance de nos voisins du Sud.
Les animaux auront plus chaud
- Au Québec, d’ici 2050, on s’attend à une augmentation du nombre de jours (8 à 20) pendant lesquels la température sera supérieure à 30°C.
- Tout comme les humains, les animaux sont affectés par la chaleur. Le réchauffement climatique risque d’avoir un impact concret sur les élevages avec d’importantes conséquences, notamment sur la productivité et la reproduction. Pour faire face à ce défi, les producteurs devront ajuster leurs bâtiments d’élevage et certaines de leurs pratiques, afin d’assurer le confort et le bien-être de leurs animaux.
La neige, une alliée qui s’estompera
- On anticipe en 2050 une diminution de l’épaisseur de neige (entre 20 % et 45 %) et une durée d’enneigement réduite de 32 à 50 jours, selon l’endroit où l’on se trouve au Québec.
- Plusieurs Québécois seront ravis de voir les hivers devenir graduellement plus doux, mais pour les producteurs, la réalité est bien différente! La diminution de l’épaisseur de neige, les redoux hivernaux, les précipitations sous forme de pluie pourraient endommager les belles prairies et les plantes de couverture semées à l’automne pour protéger le sol.
- Pour pallier les enjeux de consommation d’eau, des producteurs collaborent aux recherches et essais afin de mieux comprendre les besoins en eau des plantes et d’améliorer la performance des systèmes d’irrigation.
- Les producteurs, qui voient davantage leurs cultures menacées par les ravageurs, recourent de plus en plus à la lutte intégrée, une approche qui consiste à utiliser des stratégies de contrôle des ennemis des cultures (insectes nuisibles, maladies, mauvaises herbes) complémentaires afin de produire des aliments de qualité tout en réduisant l’usage des pesticides.
- Pour se prémunir contre les effets de la chaleur estivale, les agriculteurs travaillent à adapter leurs bâtiments en améliorant l’isolation et la circulation d’air. Dans certains cas, de nouvelles constructions ou des rénovations importantes (comme l’agrandissement de bâtiments) sont nécessaires, ce qui requiert des investissements majeurs.
- Qu’ils soient économiques, environnementaux, technologiques ou humains, l’ampleur des enjeux liés au climat peut mettre en péril la pérennité des entreprises agricoles québécoises. Celles-ci ont besoin de soutien financier pour apporter les ajustements nécessaires à leurs installations et à leurs pratiques. Ce soutien est aussi nécessaire pour assurer davantage de recherche.
- Les producteurs agricoles du Québec se sont mobilisés autour du projet Agriclimat afin de connaître les changements climatiques attendus pour leur région et développer, avec la collaboration d’experts, des plans d’adaptation de l’agriculture à ces changements.
- Le projet actuellement en cours a permis d’identifier les impacts potentiels sur les cultures, les animaux et l’environnement. Il propose des pistes d’adaptation pour assurer la résilience et la pérennité des entreprises agricoles québécoises.
- Déjà plus de 800 producteurs participent à l’élaboration des plans d’adaptation, lesquels couvrent la majorité du territoire québécois. Quelque 250 intervenants et conseillers du milieu agricole sont également associés au projet.
- Coordonné par le Conseil pour le développement de l’agriculture du Québec, le projet Agriclimat est rendu possible grâce au financement offert par le Fonds vert dans le cadre du programme Action-Climat Québec, un programme du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques découlant du plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques.
Pour en savoir plus : Agriclimat
L’agroenvironnement aussi dans la mire
- Au Québec, les experts s’entendent pour dire que l’adoption de pratiques agroenvironnementales à la ferme permet également de réduire l’impact de l’agriculture. En effet, les pratiques de conservation du sol, telles que le travail réduit du sol et les cultures de couverture, favorisent la résilience et la santé des sols, un élément incontournable lorsqu’on parle de changements climatiques.
- Depuis 25 ans, les producteurs sont pleinement engagés dans cette démarche par l’entremise des clubs-conseils en agroenvironnement déployés partout au Québec. Leurs actions portent sur la gestion des fertilisants, la réduction de l’utilisation des pesticides, les pratiques de conservation des sols ainsi que l’aménagement des cours d’eau et leur protection.
Pour en savoir plus sur les clubs-conseils :
- Capsule vidéo sur les clubs-conseils en agroenvironnement (2 min 34 s)
- Site Web des clubs-conseils en agroenvironnement
Pour en savoir plus sur les pratiques agroenvironnementales :
La matière organique et le stockage du carbone
- Sur le plan international, une initiative prometteuse est aussi en train de faire son chemin : le projet « 4 pour 1000 » lancé par la France en 2015 lors de la COP 21.
- L’initiative vise à montrer que l’agriculture, et en particulier les sols agricoles, peut jouer un rôle pour la sécurité alimentaire et la lutte aux changements climatiques. En s’appuyant sur une documentation scientifique, ce projet souhaite faire connaître et mettre en place des actions concrètes pour stocker du carbone dans les sols. Reste maintenant à savoir si cette approche est prometteuse au Québec.
Pour en savoir plus sur l’initiative :
La santé des sols
Un sol en santé, synonyme de fertilité et de bon rendement, est primordial en agriculture. Voilà pourquoi les agriculteurs du Québec, avec l’aide de leurs conseillers techniques, travaillent à adopter des pratiques culturales de plus en plus durables pour maintenir la matière organique de leur terre et garder leur sol bien vivant.
Les producteurs doivent également produire annuellement un bilan phosphore en plus d’avoir à tenir un registre des épandages. L’entreposage des engrais de ferme (lisiers) doit se faire dans des structures étanches et sécuritaires. Pour ce qui est de la disposition des fumiers solides, la pratique de stockage en amas au champ est autorisée, à certaines conditions.
La consommation d’eau
L’eau constitue une ressource indispensable en agriculture. Elle est essentielle pour cultiver les plantes et abreuver les animaux. Même si au Québec on la retrouve en abondance, les producteurs l’utilisent avec diligence. Alors que les élevages sont souvent accusés d’en utiliser des quantités excessives, en réalité il en est tout autre, surtout lorsqu’on compare nos pratiques à celles des autres pays. Voyons les faits d’un peu plus près.
L’eau bleue : eau prélevée dans les cours d’eau de surface ou souterraine et non retournée au bassin versant. Par exemple : l’eau utilisée pour abreuver les animaux ou irriguer les cultures.
L’eau verte : humidité du sol répondant aux besoins en eau des plantes, notamment les cultures fourragères et les pâturages, qui se renouvelle naturellement grâce aux précipitations.
L’eau grise : eau usée faiblement polluée ayant été utilisée à des fins de nettoyage et contaminée par des savons et détergents. Cette eau peut être réutilisée pour certains usages ne nécessitant pas une eau potable.
Une norme qui vient remettre les pendules à l’heure
Depuis 2014, la norme internationale ISO 14046 stipule que l’empreinte eau d’un produit devrait tenir compte uniquement de la consommation d’eau bleue, soit celle prélevée dans les eaux de surface ou souterraine. Pour sa part, l’eau des précipitations ou eau verte est présente, peu importe si l’on cultive ou non un terrain. De plus, selon cette norme, l’eau grise devrait également être exclue des calculs puisque le cas échéant, elle a déjà été comptabilisée lors du prélèvement de l’eau bleue.
Malgré cette nouvelle façon de faire, plusieurs données qui ne tiennent pas compte de ces éléments circulent encore dans les médias et présentent un portrait trompeur quant aux ressources nécessaires à l’élevage des animaux.
La réalité d’ici dans tout cela
Plusieurs analyses du cycle de vie ont permis de mesurer la consommation d’eau de l’élevage au Canada, dont les plus récentes basées sur la norme ISO 14046. Celles-ci offrent un portrait beaucoup plus nuancé de l’empreinte eau du secteur et nous positionne avantageusement par rapport à de nombreux autres pays. Ceci est encore plus vrai lorsqu’on sait qu’au Québec, les cultures destinées à nourrir les animaux ne sont aucunement irriguées, contrairement à ce qui se passe souvent ailleurs dans le monde. Ainsi, on peut dire de façon générale que notre secteur d’élevage nécessite moins d’eau.
Bœuf
Il faut entre 388 et 631 litres d’eau pour produire 1 kilogramme de bœuf. Cette quantité a diminué de 17 % entre 1981 et 2011. À titre de comparatif, la quantité d’eau nécessaire pour produire 1 kilogramme d’amandes est d’environ 3158 litres, puisqu’il s’agit d’une culture qui est majoritairement irriguée.
Lait
L’analyse de cycle de vie de la production laitière nous apprend que la production d’un kilogramme de lait nécessite 10,2 litres d’eau, soit l’équivalent 72 secondes sous la douche.
Si l’on compare l’empreinte en eau d’autres pays producteurs de lait, le Québec obtient de bons résultats, avec 10,2 litres d’eau par kilogramme de lait. C’est beaucoup mieux que la Nouvelle Zélande (249,3 litres), les Pays-Bas (66,4 litres) ou encore l’Australie (14,1 litres).
Poulet
Au Canada, il faut en moyenne 65 litres d’eau pour produire 1 kilogramme de poulet. Ce chiffre varie de 29 à 75 litres selon la province, puisque l’irrigation des cultures est plus importante dans les provinces de l’Ouest en raison de la proportion plus élevée en terres irriguées. La consommation d’eau nécessaire à la production d’un poulet a diminué de 45 % au cours des 40 dernières années.
Porc
Entre 2012 et 2016, le bilan eau a diminué de 1,7 % en 4 ans, passant de 68,6 à 67,5 litres d’eau consommée pour 1 kilogramme de porc. L’augmentation de la productivité générale du troupeau explique essentiellement l’amélioration de ces résultats.
Le bien-être animal à la ferme
S’il y a un sujet qui ne laisse personne indifférent, c’est bien celui du bien-être animal. Les producteurs qui choisissent le secteur animalier ont aussi à cœur le bien-être de leurs troupeaux et les soignent au quotidien avec bienveillance. Voilà pourquoi au fil des ans, les éleveurs se sont dotés de codes de pratiques et ne cessent d’améliorer les conditions d’élevage en fonction de l’évolution des connaissances scientifiques.
- Les éleveurs du Québec veillent chaque jour au bien-être de leurs animaux, en leur procurant tous les soins nécessaires à leur bon développement. Ils ont tout avantage à prendre grand soin de leurs animaux puisque ceux-ci représentent le fondement de leur production, de leur gagne pain! Ainsi, quotidiennement, ils s’assurent de leur offrir :
– une alimentation saine, en quantité suffisante, et adaptée à leur stade de croissance;
– un accès à de l’eau fraîche et de bonne qualité;
– des soins de santé adéquats, misant sur une approche préventive et curative;
– un environnement adapté au type d’élevage (basé sur l’évolution des connaissances scientifiques), et qui tient compte de nos conditions climatiques.
- Les éleveurs travaillent constamment à l’amélioration des soins offerts aux animaux sur la base d’informations scientifiques nouvelles et vérifiées. Ils investissent aussi dans des programmes de recherche sur le comportement animal pour mieux comprendre ce dont le bétail et les volailles ont besoin.
- Les éleveurs du Québec et leurs employés font aussi tout en leur pouvoir pour éviter souffrance et stress aux animaux qui sont sous leur responsabilité. Si parfois des images-chocs montrant des scènes navrantes d’animaux élevés dans des conditions déplorables circulent dans les médias sociaux, elles ne représentent aucunement la réalité d’élevage au Québec. Il est important de toujours vérifier la source et la provenance de ces images.
- Alors que la consommation de viande est une composante importante de l’évolution depuis 2,3 millions d’années et fait partie intégrante de la culture culinaire de plusieurs populations, les producteurs déploient tous les efforts nécessaires afin de nourrir le monde et d’élever leurs animaux dans les meilleures conditions possible.
- Ici comme ailleurs, la plupart des lois portant sur le bien-être animal, tout comme les codes de pratiques élaborées par les comités d’éleveurs qui participent au développement des codes du Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage (CNSAE), se basent sur les cinq libertés fondamentales des animaux universellement reconnues.
- Le bien-être animal « désigne l’état physique et mental d’un animal en relation avec les conditions dans lesquelles il vit et meurt ». Il est jugé satisfaisant si les cinq critères suivants sont réunis :
- Absence de faim, de soif et de malnutrition;
- Absence de peur et de détresse;
- Absence de stress physique et thermique;
- Absence de douleur, de lésions et de maladies;
- Possibilité pour l’animal d’exprimer les comportements normaux de son espèce.
- De façon générale, la loi définit comme maltraitance ou cruauté animale, tout acte visant à faire du mal que ce soit sous forme active (par le biais d’armes, de coups, de blessures) ou sous forme passive (négligence). De mauvaises conditions de vie et, un état sanitaire qui laisse à désirer sont aussi considérés comme de la cruauté animale.
- Les actes de cruauté envers les animaux sont inacceptables et ne doivent, en aucun cas, être tolérés. Il existe des lois pour traiter de tels cas et elles se doivent d’être appliquées.
- Les agriculteurs, tout comme les propriétaires d’animaux de compagnie, sont tenus de respecter certaines lois relatives au traitement des animaux. Les lois, la réglementation en place et les bonnes pratiques reconnues appliquent le principe de tolérance zéro en matière d’abus et de souffrance animale. Les agronomes et les vétérinaires ont l’obligation de dénoncer les abus dont ils ont connaissance et de les signaler au ministère de l’Agriculture.
- Au niveau fédéral, la Loi sur la santé des animaux régit strictement les conditions de transport, tandis que l’abattage est soumis à la Loi sur l’inspection des viandes. Tout ce qui touche la cruauté envers les animaux est l’affaire du Code criminel.
- Au Québec, depuis décembre 2015, la Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal détermine les obligations auxquelles les propriétaires d’animaux doivent se conformer afin d’assurer les soins propres à leurs impératifs biologiques et garantir leur sécurité et leur bien-être tout au long de leur vie. Il s’adresse autant aux propriétaires d’animaux de compagnie, qu’aux producteurs agricoles.
Les obligations de soins et les actes interdits
- En vertu de la nouvelle législation provinciale, le propriétaire ou la personne ayant la garde d’un animal doit s’assurer que le bien-être, ou la sécurité de l’animal n’est pas compromis et qu’en tout temps, l’animal doit :
– avoir accès à une quantité suffisante d’eau et de nourriture de qualité convenable;
– être dans un lieu salubre, propre, convenable, suffisamment espacé et éclairé pour se mouvoir;
– être protégé contre la chaleur ou le froid excessifs;
– être transporté convenablement dans un véhicule approprié;
– recevoir les soins nécessaires lorsqu’il est blessé, malade ou souffrant;
– n’être soumis à aucun abus ou mauvais traitement pouvant affecter sa santé.
- La Loi interdit à quiconque de causer de la détresse à un animal soit à la suite d’un traitement inapproprié ou par omission d’un traitement requis (exemple un traitement qui occasionnerait chez l’animal des lésions graves, des douleurs aiguës ou de l’anxiété). En cas d’infraction, des peines et des amendes sont prévus.
Pour en savoir plus : Guide d’application de la loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal, MAPAQ
- La plupart des associations nationales d’éleveurs ont développé des codes de bonnes pratiques en collaboration avec le Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage (CNSAE).
- Ces codes, propres à chaque espèce, contiennent les lignes directrices pour les soins et la manipulation des animaux ainsi que les pratiques recommandées en matière de logement, d’alimentation, de santé, de transport, d’euthanasie, etc.
- Ils tiennent compte du comportement naturel de l’animal, de l’évolution de la recherche scientifique, de l’expertise des vétérinaires, des lignes directrices nationales et provinciales et de l’expérience vécue à la ferme. Ils sont mis à jour périodiquement.
- L’approche du CNSAE est unique au monde, car elle rassemble l’ensemble des acteurs de la filière (association d’éleveurs, vétérinaires) incluant les groupes de protection des animaux. Les consommateurs peuvent aussi faire valoir leur opinion lors de consultation publique sur les codes. Cette approche bénéficie d’une crédibilité importante sur les scènes nationale et internationale.
- Bien que les codes de pratiques n’aient pas force de loi, ils sont devenus au fil du temps des outils de travail et de référence incontournables pour les éleveurs.
- Dans bien des secteurs d’élevage, les producteurs ont mis la barre encore plus haut que ce qui est prescrit par la Loi et les codes de pratiques, notamment en mettant en place des programmes obligatoires d’assurance qualité et de certification en matière de bien-être animal. Ces programmes, souvent basés sur les codes de pratique du CNSAE, sont appliqués et audités à la ferme.
En voici un survol :
(Cliquez sur les images pour voir les codes de pratiques et les autres programmes de bien-être animal.)
Pour en savoir plus sur le Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage :
Les Éleveurs de porcs du Québec
Programme Bien-être animal BEA mc | PorcBIEN-ÊTRE
- Élaboré par le Conseil canadien du porc, obligatoire depuis 2012
- Validation complète des installations aux trois ans par un vétérinaire ou un agronome (visite des lieux) et validation partielle les deux années suivantes
- Inclut un protocole obligatoire de gestion de la douleur lors de la castration et de la taille des queues des porcs
- Remplacé en 2019 par PorcBIEN-ÊTRE, pour refléter les nouvelles exigences du Code de pratiques pour le soin et la manipulation des porcs
Code de pratiques pour le soin et la manipulation des porcs au Canada (2014)
Début de l’examen quinquennal en 2019
Les Producteurs de lait du Québec
- Élaboré par Les Producteurs laitiers du Canada et obligatoire (volet sur le BEA en vigueur depuis 2017)
- Installations validées tous les deux ans par des agents de validation (visite des lieux)
Pour en savoir plus : Bien-être animal : Pour l’amour des vaches
Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers (2009)
En cours de révision
Les Producteurs de bovins du Québec (bovins de boucherie, veaux de grains et veaux de lait)
- Élaboré par les Éleveurs de bœufs canadiens (programme volontaire)
- S’applique aux fermes de bouvillons d’abattage et de veaux d’embouche
- Reconnu par la Table ronde canadienne sur le développement du bœuf durable
- Volet sur le BEA inclus depuis 2016
- Certification par des tiers aux 5 ans, avec visite à la ferme
- 36 % de la production de bouvillons du Québec est certifiée et ce taux est en forte hausse
- Engagement de McDonald’s de s’approvisionner en bœuf durable
Programme Veaux de grain du Québec certifié
- Élaboré par les Producteurs de bovins du Québec, obligatoire depuis 2003
- Inspection de certification à la ferme par des auditeurs
- Actuellement, 60 % des fermes sont certifiées et 100 % le seront d’ici 2020
Règlement sur le logement des veaux de lait du Québec
- Depuis le 31 décembre 2018, les producteurs sont tenus d’élever leurs veaux en logement collectif
Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins de boucherie (2013)
Code de pratiques pour le soin et la manipulation des veaux lourds (2017)
Les Éleveurs de volailles du Québec
Programme de soins aux animaux
- Élaboré par Les Producteurs de poulet du Canada
- En vigueur depuis 2009, mis à jour en 2018
Pour en savoir plus : Programme de soins aux animaux
Programme de soin des troupeaux
- Élaboré par les Éleveurs de dindons du Canada
- En vigueur depuis 2012, mis à jour en 2018
Fédération des producteurs d’œufs du Québec
Programme de soins des animaux
- Élaboré par les Producteurs d’œufs du Canada
- En vigueur et obligatoire au Québec depuis 2017
- Une mise à jour entrera en vigueur d’ici 2021
- À compter du 1er mai 2019, les producteurs seront audités une année sur deux par les inspecteurs des Producteurs d’œufs du Canada et une année sur trois par une tierce partie
Code de pratiques pour le soin et la manipulation des poulettes et des pondeuses (2017)
Les Producteurs d’œufs d’incubation* du Québec
Programme de soins aux animaux
- Élaboré par les Producteurs d’œufs d’incubation du Canada
- En vigueur depuis le 1er juin 2019, obligatoire d’ici 2021
- Les audits à la ferme effectués par une tierce partie ont débuté en juin 2019, avec une période d’implantation de deux ans
*œufs destinés d’une part, à la production de poulet à chair (type chair) et d’autre part, à la production de pondeuses d’œufs (type ponte).
Les Éleveurs d’ovins du Québec (agneaux, moutons)
Code de pratiques pour le soin et la manipulation des moutons (2013)
Producteurs de lait de chèvre du Québec
Code de pratiques pour le soin et la manipulation des chèvres (2003)
Révision, d’ici 2021
Syndicat des producteurs de lapins du Québec
Code de pratiques pour le soin et la manipulation des lapins (2018)
Fédération des éleveurs de grands gibiers du Québec
Code de pratiques pour le soin et la manipulation des cerfs d’élevage (1996)
Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bisons (2017)
- Les temps changent, tout comme les façons d’élever les animaux. Les conditions d’élevage s’adaptent à la société ainsi qu’aux attentes des consommateurs. Les pratiques actuelles sont fondées sur un équilibre entre les besoins des animaux, une alimentation saine, ainsi que sur des réalités environnementales et économiques.
- Il faut encourager ces bonnes pratiques qui évoluent au même rythme que les connaissances. Toutefois, il arrive souvent, lorsque de nouvelles normes sont adoptées, que des investissements importants soient requis pour la mise à niveau des bâtiments d’élevage. Pour les entreprises agricoles, notamment les plus petites, il peut s’avérer difficile de réaliser ou de rentabiliser ces travaux. L’impact est d’autant plus grand que ces coûts ne se traduiront pas nécessairement par une majoration des prix obtenus du marché, ce qui nécessite un accompagnement financier de l’État.
- Aussi, dans le contexte de mondialisation des marchés, de plus en plus de produits étrangers côtoient les produits canadiens et québécois sur les étals des supermarchés. Les règles adoptées ne s’appliquent pas sur les produits importés, c’est une des multiples bonnes raisons de bien regarder les emballages à l’épicerie et de toujours choisir les produits d’ici lorsqu’ils sont disponibles.
Des exemples de nouvelles pratiques
Au fil des ans, de nombreuses nouvelles pratiques ont été adoptées et sont maintenant légion sur nos fermes. En voici quelques-unes :
Élevage porcin
Dans toute nouvelle installation construite, rénovée ou mise en usage pour la première fois depuis le 1er juillet 2014, les cochettes (truies n’ayant pas encore mis bas une première fois) et les truies saillies doivent être logées en groupe 35 jours après la saillie.
Production laitière
Avant la validation du volet bien-être animal du Programme proAction, chaque producteur doit faire évaluer ses animaux par une tierce partie. Cinq indicateurs sont considérés chez l’animal : l’état de chair, les jarrets, les genoux, le cou et la locomotion.
Élevage bovin
Depuis le 1er janvier 2019, les veaux de grains et les veaux de lait produits au Québec sont élevés en logement collectif. Les huches et les logettes sont permises en début d’élevage, mais, en tout temps, les veaux ne doivent pas être attachés.
Élevage de volailles
Les deux programmes de soins (poulets et dindons) sont obligatoires depuis 2013 et la certification de conformité est obtenue à la suite d’audits annuels réalisés par une tierce partie. Les représentants de la filière se concertent afin de développer un modèle de poulailler qui améliorera davantage le bien-être des animaux, leur santé (biosécurité) et leur environnement.
Production d’œufs de consommation
Les cages conventionnelles dans la production d’œufs de consommation seront interdites à compter du 1er juillet 2036.
Production d’œufs incubation*
Tous les oiseaux reproducteurs sont logés en liberté. En ayant accès à un parquet de grande superficie, ils peuvent exprimer leurs comportements naturels plus aisément.
*Œufs destinés d’une part, à la production de poulet à chair (type chair) et d’autre part, à la production de pondeuses d’œufs (type ponte).
Pour en savoir plus sur le logement des animaux : Capsule chiffrée (No. 59) sur le logement des animaux, La Semaine Verte
Pour en savoir plus : Le grand dossier sur le bien-être animal