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Une belle histoire de filiation

Les visages de la relève syndicale

Alexandre Champagne

Implication
Depuis 2024 : président de la table de négociation biologique des légumes de transformation, président de la Fédération de la relève agricole de Lanaudière et administrateur de la fédération de l’Union des producteurs agricoles de Lanaudière
Depuis 2023 : administrateur du syndicat producteur de grain biologique
2022-2023 : président de la table de négociation des haricots conventionnels
Depuis 2022 : administrateur du Syndicat des producteurs de grain de Lanaudière, du Syndicat des producteurs de légumes de transformation et du Club bio +
Depuis 2019 : administrateur du Syndicat de la relève agricole de Lanaudière

Gamin, Alexandre Champagne était le premier à lever la main lorsque venait le temps de donner un coup de main à son grand-père fermier. Foins et autres corvées? Il était toujours partant! Ses parents n’ayant pas entendu l’appel de la terre, Alexandre peut cependant compter sur le support d’un de ses oncles pour réaliser son rêve de p’tit gars : devenir agriculteur!

Sur la ferme située à Lanoraie, dans Lanaudière, Alexandre est comme un poisson dans l’eau. Entre 400 et 700 hectares sont cultivés par la Ferme A.B. Champagne. Alexandre fait partie de la relève non apparentée avec un de ses cousins.

« Au début, mon cousin et moi cultivions 100 hectares. On a acheté une première terre de 40 hectares et on est maintenant propriétaire de 80 hectares. La transition ne se fait pas du jour au lendemain, mais mon oncle nous supporte dans cette transition et ça permet de faire face au problème du coût très élevé des terres agricoles », résume Alexandre. L’entreprise se consacre aux grandes cultures biologiques (maïs, soya, blé, épeautre, avoine, orge et pois fourrager) et aux légumes de transformations (pois, haricot, mais sucré). « Tout ça varie selon les rotations et les marchés », ajoute-t-il.

Il travaille en collaboration avec son oncle pour fournir du grain de qualité au moulin Folle farine, géré par la fille et la conjointe de ce dernier.

L’oncle en question n’est jamais bien loin. « On est encore en transition. Aux « yeux » fiscaux, je ne suis pas vraiment une relève, même si aux yeux de tout le monde, oui!  Je sais depuis toujours que c’est ça que je voulais faire dans la vie. Et toute ma famille le sait aussi », raconte Alexandre en riant. Il se considère chanceux de pouvoir compter sur le support d’un membre de sa famille. « L’accès à la terre est difficile, surtout quand tu n’as pas une famille agricole! À moins de faire du maraîchage et de vendre ta tomate à 2$, une terre c’est difficile à rentabiliser. On est tous dans le même bateau! »

Il cite toutefois certains exemples qui donnent de l’espoir pour le futur de l’agriculture au Québec. « Il y en a de bonnes ententes, comme un employé qui rachète la ferme de son patron, ou comme nous. Ça nous a beaucoup aidés d’avoir quelqu’un dans la famille pour être capables de commencer, même si ça n’a pas été facile. »

L’implication, synonyme de partage de connaissances

Son implication syndicale date d’environ 5 ans. « Mon oncle m’a amené à une réunion de mon syndicat local. Assez tôt, j’ai pris un poste vacant dans une autre région que la mienne, juste pour avoir ma place. Je me suis aussi impliqué à la relève, où j’ai eu un poste aux producteurs de grains. Puis, ce fut les producteurs de légumes de transformation », énumère-t-il.

Président de la table pour la culture des haricots durant un certain temps, il a laissé aller ce poste pour s’impliquer au sein de la table Bio. « C’était plus mon secteur parce qu’avant, je négociais pour du conventionnel alors que je n’en faisais pas! » rigole-t-il.

Pour Alexandre Champagne, le choix du bio va de soi. Par conviction, d’abord, et parce qu’il estime que les cultures biologiques sont garantes d’un avenir plus vert au Québec.

« Je suis président pour la Table bio et administrateur du syndicat des producteurs de grain bio en plus d’être au conseil d’administration du Club bio+. Et président pour la relève de Lanaudière… », dit-il, semblant réaliser du même coup le nombre de chapeaux en pyramide sur sa tête!

Pourtant, l’implication ne lui pèse pas, bien au contraire. « Beaucoup de sujets m’interpellent. Si on reste assis et qu’on regarde passer la parade sans mettre notre grain de sel, on n’a pas le droit de chialer. Et on ne pourra certainement pas dire qu’on a essayé de changer les choses pour le mieux. »

Sans l’imposer, Alexandre a toujours aimé partager son point de vue. « Aux rencontres, je suis parfois observateur et même si je n’ai pas droit de vote, ça ne me dérange pas. Si je peux dire mon point de vue, je suis content. »

Son implication lui donne un accès privilégié à une grande communauté qui vit des défis similaires aux siens. « Collectivement, on essaie de s’améliorer. J’ai une très bonne écoute de mes collègues. Je pense qu’ils sont tous heureux qu’un jeune apporte de nouvelles idées. Et je suis heureux d’apprendre comment la génération précédente s’est battue pour améliorer l’agriculture et la vie des agriculteurs! »

L’accès à la terre, la sécurité du revenu et les normes environnementales excessives sont les grands enjeux actuels en agriculture, estime-t-il. « Je suis dans le bio parce que je crois sincèrement que c’est meilleur pour la santé du sol. C’est un statement, mais même une fois bien apprivoisées les méthodes, c’est toujours un combat contre la mauvaise herbe (rires)! Heureusement, on a des techniques qui se partagent dans nos rencontres. C’est une autre des raisons qui me poussent à m’impliquer. Étant donné que je n’ai pas fait d’école d’agriculture, ça m’a toujours demandé d’aller chercher un peu plus loin. C’est un partage de connaissances. J’en prends, et j’en donne! »

Le temps consacré dans ses implications n’est pas gaspillé, loin de là. « C’est une paye de pouvoir être entouré de monde compétent, qui ont les mêmes défis, le même mode de vie! »

La valorisation du métier, et la compréhension des enjeux qui y sont liés, sont importantes pour Alexandre. « On est des producteurs agricoles, on nourrit la planète! Oui, on fait peut-être de la pollution parce qu’on roule en tracteur, qu’on a des animaux. Certaines entreprises utilisent des pesticides… Mais il faut arrêter de taper sur le clou des agriculteurs comme si c’était juste nous qui polluions! Je suis d’accord qu’il faut devenir plus vert, mais ça a un coût et il faut que tout le monde participe parce que les marges de profit sont devenues exécrables! », raconte l’heureux papa de deux enfants de 4 et 8 ans.

Les changements climatiques font mal. « L’assurance récolte, ça ne fait pas des paiements; ça met un plaster, sur une plaie qui saigne quand même des deux bords… »

L’an dernier a été particulièrement désastreux pour le producteur. « On a eu des baisses de rendement dans le soya; le maïs et le blé de printemps a été déclassé parce qu’il y a eu trop d’humidité, 1000 mm de pluie, et un printemps froid… Mais je vais creuser mon trou jusqu’à ce que je ne sois plus capable de respirer! Je ne me vois pas faire autre chose », conclut Alexandre.