L'Agence régionale de mise en valeur des forêts privées de l’Abitibi a obtenu des sommes d’un programme fédéral qui doit permettre à la province de livrer des engagements fermes visant à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. L’amélioration des puits de carbone par le boisement de superficies additionnelles est donc une priorité du Fonds de la direction pour une économie à faibles émissions de carbone (FEFEC). De ce fait, pour l’ensemble de la province, ce sont 5 000 hectares (ha) en friche agricole qui seront boisés.
À partir de cet objectif national, « l’Agence Abitibi s’est vu octroyer 2 315 ha de friches à reboiser » en 2020-2021. Ceci représente le double des arbres à planter habituellement par l’Agence, un objectif très ambitieux pour la région. Également, cela veut dire que près de la moitié du programme est concentrée dans une seule région, la nôtre…
Ces plantations pourront, lorsqu’elles seront récoltées, apporter des revenus aux producteurs et productrices de forêts privées, ce qui est une excellente nouvelle. Une question se pose, cependant, à savoir dans quel genre de friches seront plantés ces arbres. En offrant des subventions pour la préparation de terrain en vue du boisement, pour la mise en terre des plants et l’entretien de plantations, on met inévitablement de la pression pour la conversion de terrains propices à l’agriculture.
De tels programmes gouvernementaux doivent faire preuve de vision et exigent un regard à long terme. Quand on reboise une terre agricole, on la détourne de sa vocation et on saisit cet espace pour la forêt pour au moins un demi-siècle.
Il faut donc faire très attention de ne pas reboiser des friches qui peuvent être remises en cultures. En ce sens, à l’UPA, nous souhaitons travailler de concert avec le MAPAQ et l’Agence régionale de mise en valeur des forêts privées de l’Abitibi pour mieux orchestrer nos efforts. Nous sommes d’accord pour favoriser le développement de la foresterie privée en Abitibi-Témiscamingue, mais cela ne doit pas se faire au détriment de la zone agricole. Nous sommes conscients, également, qu’il y aura de plus en plus de demandes pour le captage de carbone et il ne faut pas oublier que l’agriculture aussi capte du carbone!
En conclusion, nous sommes d’avis que nous pouvons définir collectivement des zones spécifiques de reboisement, complémentaires à la zone agricole, pouvant être aménagées sur notre territoire. Par surcroît, si comme l’avance bien des experts, notre région aura, d’ici 2050, la température et les précipitations que l’on retrouve actuellement en Montérégie, nous devrons encore disposer des terres pour en exploiter le plein potentiel agricole. En ce sens, nous devons nous assurer de ne pas devoir défricher les terres agricoles de l’Abitibi une deuxième fois…
Pascal Rheault, président