Nous sommes actuellement en tournée régionale des intervenants pour discuter du développement du secteur agricole. Entre autres, les représentants des MRC, des chambres de commerce et des SADC sont rencontrés afin de partager nos préoccupations et nos pistes de solution pour ralentir la perte des fermes en région et redynamiser l’agriculture.
Selon les données du portrait économique de novembre 2016 de l’Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue, malgré des conditions de marché plus favorables, le secteur agricole de la région a affiché une certaine vulnérabilité :
- une baisse de 8 % du nombre de fermes de 2011 à 2015 (581 fermes à 534);
- une baisse de 32 % du revenu net de 2010 à 2014 (7,5 à 5,1 M$);
- une baisse de 30 % des investissements en immobilisations de 2010 à 2016 (7,1 à 5 M$);
- une baisse de 73 % du soutien à l’ASRA de 2011-2012 à 2014-2015 (23,6 à 6,3 M$).
Nous continuons de faire valoir que malgré cette situation préoccupante, l’agriculture régionale possède un fort potentiel de développement si on met en place un meilleur environnement d’affaires. Nous défendons le fait que l’agriculture régionale fait face à des défis particuliers justifiants un soutien particulier (éloignement des marchés, moins de possibilités de diversifications des productions, conditions climatiques plus limitatives, etc.).
En février 2015, les membres du Groupe de travail sur la sécurité du revenu en agriculture au Québec publiaient un rapport dans lequel ils se sont unanimement prononcés sur différents éléments pouvant être mis en place. Notamment, ils proposent d’offrir des outils spécifiques pour les régions « à potentiel agricole limité ».
Pour répondre aux besoins des fermes de l’Abitibi-Témiscamingue, nous demandons au gouvernement d’appliquer les recommandations du Groupe de travail et prioritairement pour l’Abitibi-Témiscamingue :
- de corriger Agri-Québec en augmentant de 3 % la contribution gouvernementale sur les ventes nettes ajustées, sans arrimage avec l’ASRA, et que toutes les entreprises de notre région soient admissibles à cette bonification, incluant celles sous gestion de l’offre;
- de mettre en place un programme d’aide aux investissements productifs.
Nous estimons que ces deux demandes représentent des aides de 3,5 millions par année, afin de compenser les désavantages particuliers à l’Abitibi-Témiscamingue. Ces aides spécifiques doivent être complémentaires aux outils de gestion des risques déjà existants. À cet effet, nous demandons également de corriger le programme d’ASRA, afin qu’il couvre les réels coûts de production. La Financière agricole du Québec dispose d’une marge de manœuvre importante pour investir dans ses programmes avec des surplus qui devraient excéder les 100 M$ en 2016‐2017 et des surplus d’opérations de plus de 500 M$ sur cinq ans.
Dans un but commun de développement régional et d’occupation du territoire, nous demandons aux intervenants régionaux de porter ces demandes avec nous en prévision de l’adoption du prochain budget du gouvernement du Québec. D’ailleurs, des représentations ont déjà été faites dans le cadre des consultations prébudgétaires tenues en région, en présence des représentants du ministère des Finances et de nos élus régionaux.
Nous faisons preuve de constance et de cohérence dans ces demandes de longue date qui consistent à obtenir des outils adaptés aux réalités régionales, car les besoins des agriculteurs sont toujours présents. Il est plus important que jamais de mettre en œuvre rapidement des solutions adaptées pour stopper l’hémorragie de la perte de fermes. Nous ne serons pas seuls à porter le message pour les agriculteurs et agricultrices, la région le fera avec nous!
Sylvain Vachon, président