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Des coupes périlleuses dans le secteur agricole

Publié le 1 avril 2015 - Écrit par l'UPA

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  • Textes d’opinion

Carlos Leitão a déposé jeudi dernier son deuxième budget à titre de ministre des Finances. Ce second budget s’inscrit sans surprise dans la foulée du précédent. En théorie, il devrait permettre au Québec d’atteindre l’équilibre budgétaire, c’est-à-dire que les dépenses ne dépasseront pas les revenus. Comme le gouvernement a choisi de ne pas augmenter les taxes, les impôts et les tarifs (sauf pour l’électricité), l’équilibre sera atteint par une réduction des dépenses dans l’appareil de l’État.

Pour l’agriculture, ce n’est pas une bonne nouvelle. Avant même la lecture du budget, le ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, confirmait à l’Opposition officielle que le budget de La Financière agricole du Québec (FADQ) serait amputé de 151 M$ pour 2015-2016. Le gouvernement du Québec présume en effet que le contexte favorable actuel sur les marchés agricoles permettra à la FADQ de remplir quand même sa mission.

 C’est un pari risqué, d’autant plus que plusieurs indicateurs sont à la baisse.

À titre d’exemple, le prix global à l’indice de classement pour le porc se chiffre cette semaine à 160,21 $ CA/100kg. Il était de 281,73 $ CA/100 kg il y a 12 mois. Le prix sur le marché local pour le soya se chiffrait quant à lui à 450 $ CA/t cette semaine. Il s’élevait à 530 $ CA/t en mars 2014. Ajoutons à cela que les prévisions américaines pour la production porcine et céréalière sont excellentes. En agriculture, l’équilibre entre l’offre et la demande sur le marché mondial est le fruit du hasard et, quand celui-ci ne fait pas bien les choses, la chute des prix est brutale. Souvenons-nous du prix des céréales entre 2000 et 2008 ou de celui du porc de 2009 à 2012.

Outre ce risque, l’insécurité générée par ce budget est un autre impact important. On sentait depuis quelques mois un regain de confiance et une augmentation des investissements, notamment dans le secteur des viandes. Ce budget n’est pas ce que les investisseurs espéraient et refroidira les ardeurs des financiers, à commencer par la FADQ elle-même. Pour un gouvernement qui prétend miser sur les investissements du secteur privé pour relancer l’économie, il a raté la cible en agriculture.

L’autre question en suspens, c’est la suite que le gouvernement entend donner au rapport sur la bonification des programmes de sécurité du revenu. Il y a rupture dans les engagements du gouvernement à l’endroit des producteurs, car les excédents de la FADQ devaient être utilisés pour améliorer les programmes.

Les programmes pour les producteurs sans assurance stabilisation ou gestion de l’offre sont inadéquats. Parlez-en aux producteurs de canneberges, qui vivent avec des prix bas depuis plusieurs années. Le soutien à la transition biologique, aux petites fermes et au développement régional est plus que nécessaire. Lors des travaux du comité, il a clairement été démontré que les producteurs de céréales du Québec disposaient d’un régime moins avantageux que leurs voisins américains et ontariens. Sans parler des mises à niveau en raison des normes de bien-être animal dans le secteur de l’élevage. Le ministre réalise-t-il le potentiel que représente notre secteur pour l’économie du Québec?

La révision tant attendue de la fiscalité foncière agricole est aussi une grande absente dans ce budget. Le gouvernement doit continuellement augmenter les crédits pour le Programme de crédit de taxes foncières agricoles, alors qu’il coupe cette année ceux de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec et de la Commission de protection du territoire agricole, deux entités essentielles qui ont un besoin criant de ressources.

Messieurs Leitão et Paradis, tout en reconnaissant les responsabilités que le gouvernement doit assumer et la nécessité, pour l’État, de tendre vers l’équilibre budgétaire, il me semble que l’agriculture et les emplois qui en dépendent auraient mérité un meilleur budget.


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