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Les moyens de nos ambitions

Publié le 29 août 2025 - Écrit par Martin Caron, président général

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  • Textes d’opinion

Le ministre André Lamontagne a présenté la Politique bioalimentaire 2025-2035 – Nourrir nos ambitions, le 22 août dernier.

Plusieurs des recommandations du milieu agricole ont été retenues, y compris une préoccupation prépondérante pour la compétitivité des entreprises, leur potentiel ainsi que leur adaptation aux nouvelles réalités économiques et climatiques.

Trois grandes ambitions sous-tendent la Politique, c’est-à-dire d'accroître l'autonomie alimentaire du Québec, de développer un secteur prospère et durable et d'accélérer l'innovation dans le secteur bioalimentaire. Ces ambitions se traduisent par diverses cibles, comme générer 25 G$ d'investissements de la part des entreprises du secteur, atteindre 15 G$ en exportations bioalimentaires et viser zéro perte nette de terres agricoles présentant un fort potentiel.

Nous travaillerons bien sûr avec le gouvernement au regard de toutes les cibles. Précisons toutefois que la mouture précédente visait aussi plusieurs milliards en investissements privés, ce qui a contribué à une dette agricole record de 32 G$ en 2024. Les moyens retenus pour atteindre 25 G$ devront éviter d’empirer cette problématique.

La diversification des marchés et la hausse des exportations sont des objectifs louables et pertinents. Elles seraient toutefois facilitées si le gouvernement avait donné suite aux demandes du front commun agroalimentaire formé en février dernier. Le soutien spécifique aux entreprises pénalisées par le conflit tarifaire avec les États-Unis se fait toujours attendre.

Rappelons aussi que nous avons défendu le principe de zéro perte nette tout au long de la consultation nationale sur le territoire et les activités agricoles, ainsi que lors des consultations parlementaires sur le projet de loi n86. Or, TOUS les sols sans exception sont propices à l’agriculture, y compris certaines des cultures les plus emblématiques du Québec (ex. : érable, bleuets, canneberges).

Cela dit, l’écart important entre les besoins du secteur et le financement annoncé (1 G$ sur 5 ans) est une ombre majeure au tableau. Le milieu agricole a indiqué très clairement, au terme de la mobilisation des productrices, des producteurs et de la relève en juin 2024, que la Politique devait paver la voie à un rehaussement majeur des budgets et du soutien. Dans l’état actuel des choses, ce n’est assurément pas le cas.

À titre d’exemple, le Québec produit actuellement 15 % de la viande bovine consommée localement. Le potentiel pour ce secteur de production est donc très important, mais nécessiterait un appui beaucoup plus significatif et soutenu du gouvernement du Québec (à l’instar de l’Ontario, où le cheptel de bœufs a presque quintuplé en l’espace d’une dizaine d’années grâce à l’engagement du gouvernement provincial).

En clair, les ambitions que s’approprie la nouvelle Politique seraient beaucoup mieux servies si le soutien était davantage au rendez-vous. Cela vaut pour des secteurs de production comme le bovin, qui multiplie les réussites en matière d’adaptation aux changements climatiques, mais aussi pour les régions périphériques, les fermes de proximité et le secteur biologique.

L’ambition est essentielle pour accroître la sécurité et l’autonomie alimentaire. Encore faut-il s’en donner les moyens.