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Panier d’épicerie : des outils performants sont requis

Publié le 9 janvier 2023 - Écrit par Martin Caron, président général

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  • Textes d’opinion
  • Nouvelles

La période des Fêtes est propice aux bilans, mais aussi aux prédictions. La plupart des économistes considèrent que l’augmentation fulgurante du taux directeur devrait éventuellement mener à une diminution de l’inflation (autour de 3 %), mais seulement en fin d’année. Les prochains mois continueront donc d’être difficiles pour les consommateurs.

Freiner l’inflation ne fait toutefois pas disparaître celle de l’année précédente. Or, les prix des aliments en magasin ont affiché une augmentation nettement plus importante que l’indice des prix à la consommation. L’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques a même allégué un certain « opportunisme » de la part des commerçants pendant la pandémie.

Dans nos commentaires transmis au Bureau de la concurrence du Canada (BCC), qui a récemment entamé une étude sur le sujet, nous avons rappelé que l’augmentation des dépenses affecte tous les maillons de la filière agroalimentaire. Les agriculteurs et les transformateurs ont toutefois dû absorber la majeure partie de cette hausse en raison du faible nombre de distributeurs (trois grandes chaînes se partagent 60 % du marché alimentaire; 80 % si on ajoute Costco et Walmart) et de leur emprise démesurée sur leurs fournisseurs.

De l’avis de plusieurs, cette situation s’apparente à une sorte de « cartellisation » de l’offre, laissant peu de recours aux fournisseurs tout en offrant aux consommateurs un choix de produits plus restreint et des prix plus élevés. Les détaillants franchisés, fortement encadrés au regard des achats centralisés et des volumes, manquent aussi de flexibilité quant aux produits locaux, avec les conséquences que cela suppose sur l’environnement (kilométrage alimentaire) et le développement des communautés.

Le déséquilibre dans la répartition du dollar alimentaire est flagrant, ici comme ailleurs. C’est pourquoi les enquêtes se multiplient partout dans le monde. Depuis 2021, le Bureau de la concurrence des États-Unis tente de clarifier les pratiques commerciales d’une dizaine de grands distributeurs susceptibles d’avoir causé des perturbations au libre établissement des prix. Les autorités mexicaines réalisent aussi une analyse des fusions-acquisitions dans le secteur de l’épicerie.

La Nouvelle-Zélande a réalisé une vaste consultation sur les relations commerciales, la concurrence et la fixation des prix. L’étude a conclu que le secteur de l’épicerie, dominé par deux distributeurs, désavantage les consommateurs et les fournisseurs. Du côté européen, l’Allemagne a récemment conclu qu’il était nécessaire d’accroître la concurrence dans son marché national, majoritairement contrôlé par quatre entreprises.

Plusieurs conclusions de ces études pourraient être mises à profit au Canada, en l’occurrence la mise en place d’un code de conduite obligatoire ayant force de loi (comme au Royaume-Uni et en Australie) et la création d’un organisme fédéral (comme l’Observatoire français de la formation des prix et des marges des produits alimentaires) veillant à une répartition équitable du dollar alimentaire. Le BCC doit quant à lui être en mesure d’interdire les pratiques commerciales nuisant à la concurrence dans le secteur de l’épicerie. Rappelons à titre d’exemple que la France et son Autorité de la concurrence se sont attaquées à plusieurs « cartels » ces dernières années (produits d’hygiène et d’entretien, légumes en conserve, compotes, jambon et charcuteries, etc.).

Les fournisseurs canadiens subissent depuis trop longtemps certaines mesures appliquées par les distributeurs (ajout de frais, politiques de prix, pénalités, promotions sur les produits, exigences administratives, etc.). Cette situation conduit à un déséquilibre qui s’apparente souvent à la loi du silence, avec des fournisseurs qui craignent des représailles. L’obscurantisme au regard de la profitabilité des grandes chaînes doit aussi être endigué. C’est en se dotant d’outils performants que le Canada favorisera le développement d’un modèle économique viable pour tous les acteurs de la filière agroalimentaire, tout en assurant à ses citoyens une plus grande transparence au regard des pratiques et des marges de chacun. Le respect du droit des consommateurs à une alimentation locale, abordable et de qualité s’en trouverait grandement bonifié.

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