
Les entreprises agricoles sont de vrais écosystèmes où cohabitent des personnes qui travaillent et une multitude de risques pour leur santé et leur sécurité. Entre la machinerie puissante, les produits chimiques, les animaux imprévisibles, les structures en hauteur et les conditions climatiques de plus en plus difficiles, les dangers sont bien réels. Dans ce contexte, on comprend donc que la prévention n’est pas qu’une simple formalité ou quelque chose à quoi on s’attarde juste quand on a le temps. Ça ne s’improvise pas, ça se réfléchit, ça se planifie. La prévention est essentielle. Non seulement pour se protéger soi-même et protéger ses travailleuses et travailleurs, mais aussi pour assurer la continuité des opérations et respecter les obligations légales en matière de santé et de sécurité au travail.
Pourquoi mettre la prévention dans les priorités?
En premier lieu, il faut se rappeler que la prévention sauve des vies. Chaque année, des travailleuses et travailleurs agricoles sont blessés ou perdent la vie à la suite d’accidents qui auraient pu être évités. Bien que les statistiques de la CNESST ne démontrent pas de hausse significative du nombre d’accidents, à l’inverse, les chiffres ne baissent pas vraiment non plus. Pourtant, des gestes simples comme porter un harnais de sécurité relié à une ligne de vie pour monter dans le silo, couper l’alimentation d’un équipement et appliquer une procédure de cadenassage, ou encore porter une protection respiratoire avant de descendre dans une préfosse à lisier peut faire une énorme différence! Sans oublier qu’un accident engendre des coûts sur le plan humain, organisationnel et financier : arrêt de travail, perte de productivité, remplacement temporaire, coûts et délais de formation, dommages matériels et parfois même des amendes si les règles de sécurité ne sont pas respectées.
De plus, une culture de prévention forte renforce le sentiment d’appartenance et la motivation des travailleuses et des travailleurs. Savoir que l’on travaille dans un milieu sécuritaire et que notre bien-être, voilà un message clair que l’employeur peut transmettre à son équipe : ici, on se soucie de vous!
Structurer la démarche de prévention
Identifier les risques et les prioriser
L’identification des risques permet d’avoir un portrait complet des dangers présents à la ferme. Elle est en outre obligatoire dans les entreprises qui emploient du personnel, bien que cette démarche soit bénéfique à toutes les entreprises dans la mesure où le statut juridique ne modifie en rien l’exposition aux risques et le potentiel d’accident. Quelles sont justement les activités à risque? Quelles machines posent un enjeu de sécurité? Où pourraient survenir des chutes, des intoxications ou des blessures? Quels produits peuvent causer des maladies professionnelles? L’étape de l’identification doit être réalisée avec les travailleuses et travailleurs, s’il y a lieu, et même avec l’accompagnement d’un conseiller en prévention. Pour les entreprises qui comptent 20 travailleurs et plus, une analyse de ces risques (fréquence et niveau de gravité) doit aussi être réalisée afin d’établir le niveau de risque et le degré de priorisation des actions en lien avec les dangers identifiés.
Mettre en place des mesures de prévention concrètes
Une fois les risques identifiés c’est le temps d’agir. Concrètement, cela peut vouloir dire apporter des modifications physiques (ex. : ajouter un garde sur une machine, un arceau de sécurité sur un tracteur…), adopter de nouvelles méthodes de travail (ex. : limiter le travail isolé), assurer certaines formations, élaborer des procédures manquantes (ex. : cadenassage), acheter de nouveaux équipements de protection individuelle, etc.
Former et informer les travailleuses et travailleurs
La prévention passe par la connaissance. Chaque travailleuse et chaque travailleur, qu’il soit permanent, saisonnier, local ou étranger, doit être formé et informé et sensibilisé sur les risques liés à son travail, les procédures sécuritaires à respecter et les mesures d’urgence. Cela fait d’ailleurs partie des obligations de tout employeur envers sa main-d’œuvre. Assurer la formation du personnel, informer sur les risques, superviser la réalisation des tâches, afficher la liste des risques et mesures de prévention, afficher les consignes, tenir des réunions (communication) pour discuter de santé et de sécurité sur une base régulière ou désigner une personne responsable sont des moyens simples et efficaces d’éviter les accidents, tout en conscientisant les équipes et en maintenant leur vigilance.
Dans le cadre du Régime intérimaire des mécanismes de prévention et de participation, les travailleurs et travailleuses doivent désigner qui, parmi leurs collègues, auront les responsabilités d’agent de liaison (dans les entreprises de moins de 20 travailleurs) ou encore de représentant SST et de membres du comité SST (dans les entreprises de 20 travailleurs et plus).
Documenter et contrôler
Une fois les risques identifiés et les mesures de prévention mises en place, il est important d’en contrôler périodiquement l’efficacité et la pertinence, et au besoin de corriger. Ici, la rigueur est de mise! De plus, il est essentiel de documenter tout accident dans un registre des incidents, de réaliser une démarche d’enquête et d’analyse pour éviter que la situation se répète et pour mieux cibler les interventions nécessaires pour rehausser la prévention. Les procédures de sécurité devraient quant à elles être revues chaque année, ou dès que des changements importants surviennent dans l’entreprise ou lors de l’achat de nouveaux équipements.
Donner l'exemple
Bien que ce soit ultimement un travail d’équipe, les employeurs et leurs représentants jouent un rôle clé dans l’entreprise, celui de modèle. S’ils respectent les règles et démontrent un engagement clair envers la santé et la sécurité, tant dans leur discours que dans leurs investissements, les travailleuses et les travailleurs seront plus enclins à faire de même et à s’engager aussi dans une démarche continue de prévention. Cet engagement facilitera aussi la rétention du personnel, favorisera la productivité et minimisera l’absentéisme.
Voici quelques pistes pour obtenir des informations et des outils d'aide à la prise en charge de la prévention.